lundi 8 décembre 2008



8 commentaires:

victorinus a dit…

Chardin exalte la vie et l’esprit pur avec un gibier mort et des instruments de cuisine. Mais le Gilles est un bouffon, un humilié ; il se présente à nous les bras baissés, dans un geste de résignation comme pour dire : ‘je ne suis que ça, un pitre moqué de tous, dédaigné… néanmoins je suis…’ Le modèle du peintre lui-même pauvre et incompris, et encore incompris quand on l’admire.

Comment pouvez-vous écrire : "De "parler" ainsi avec vous procure une énergie difficilement exprimable, qui me fait entrevoir, et rend possible d'autres réalisations, qui seraient mes réponses ou mes questions. Cela est sans valeur." ? Vous estimez-vous moins qu'un Gilles ? Et votre abstraction est-elle une voie d'anéantisement, un suicide ? Il y a des modesties forcées qui sont des afectations, une paresse peut-être, une soumission et un abaissement. Sonder 'je suis'...

victorinus a dit…

J'emprunte mon commentaire du 'Watteau' à Désigner et prouver publié sur mon blog le 11 avril 2007. La confection d'un Gilles par Alberola, d'après Watteau, et ses variations, est tout simplement nulle.

Pixel bleu a dit…

Me décrire serait décrire le monde
Je crois que je ne veux pas de ce pouvoir.

victorinus a dit…

Tout dépend de ce que j'entends, plus précisément de ce que j'éprouve (comme) réel à travers ces mots : 'me', 'monde', 'veux', 'pouvoir' - car je suis simplement, irrévocablement, 'qui' je suis'. Mais il importe de ne pas me tromper (moi-même) de monde, pouvoir etc... Il importe de ne pas se payer de mots. 'Payer' quoi ? une ignorance, une duplicité, des affectations qui ne sont guère sentiments mais flatteries et ruses de paresse et lâcheté. Les images d'un art digne de ce nom ne décrivent rien, ne possèdent rien : elle sont la nomination poétique de ce qui veut (s)'apparaître à mon regard : dialogue et confidences de liberté. RO

Pixel bleu a dit…

Je viens de voir que je ne vous ai pas répondu. Quand j'écris "cela est sans valeur", c'est dans le sens d'une richesse sans mesure.

Pixel bleu a dit…

Il est un point blanc minuscule, seul capable d'équilibrer l'énorme masse de soie dissymétrique et flottante, puis bel et bien l'ensemble de la toile : il est dans l'oeil de l'âne

victorinus a dit…

Oui, l'oeil de l'âne ! L'oeil de l'âne éclaire le monde entier, centre éclairant d'un cercle flottant, informe. L'oeil n'est plus dans la tombe à regarder Caïn ; il est au milieu de nous à nous regarder, à nous interroger, et nous instruire sans parole. Nous aveugles et sourds, si peu en voie d'ânisation.

valse a dit…

Je me permets de dire ma vision de ce Gilles-là.

Je le vois frère-relais (re-laid ?) de l'âne ; il est digne, à dessein revêtu de satin blanc pour recevoir le sang que les trois "pauseurs" alanguis projetteront quand ils se décideront à "marquer" l'apogée de ce que l'ennui leur a dicté.

En attendant ils savourent, repus du ventre et de leur esprit si ingénieux.
Leur compère en collerette, rigolard, n'y tient déjà plus.

Un Gilles lui ne s'ennuie jamais. Son plus vibrant -et presqu'unique- loisir est de recevoir de la vie à travers ses sens.

Voilà, ça fait longtemps que je n'avais plus vu ce tableau, mais ma révolte était encore là. ha.

morbleu ! le code anti-robots c'est : repoli.... !!!!